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Portrait
L’éternel opposant croit enfin à la victoire

Dimanche 11 mars, 11h. Après trois campagnes infructueuses face à Gabriel Kaspereit (RPR), le candidat socialiste ne veut pas rater l’occasion historique de faire tomber le IXe arrondissement à gauche.
Jacques Bravo. (AFP)
Le IXe est son fief. Arrivé “par volonté délibérée” dans le quartier il y a vingt-quatre ans, Jacques Bravo, 57 ans, a appris à connaître ce lieu “à taille humaine, métissé et central, où l’on aide le gamin du voisin à traverser la rue à la sortie de l’école”, dit-il. Mais depuis 1962, le maire est un autre : Gabriel Kaspereit, ce “suzerain qui depuis son château de la Grange-Batelière (la mairie du IXe, ndlr) décide en grand sachem de la vie des serfs du marais (les habitants du IXe)”, ironise ce féru d’histoire.
Pour Jacques Bravo, la succession conflictuelle au sein du RPR est une chance à ne pas laisser passer. “Si Pierre Lellouche est élu, on peut en avoir pour 30 ans aussi. L’alternance, il faut l’oser maintenant.” Et de rappeler que la droite est majoritaire dans l’arrondissement depuis la Commune de Paris, en 1871. Le défi n’impressionne pas ce haut-fonctionnaire qui a toujours pratiqué la politique avec patience. Il a observé, comme tête de liste socialiste aux municipales depuis 1983, les changements de l’électorat avec la finesse d’un habitant du village.
“Je me bats depuis 20 ans dans ce quartier"
Maire du IXe, il ne voit pas d’autre aboutissement à sa carrière. Commencée à l’extrême-gauche, marquée par la direction des mouvements de mai 68 au sein de l’école de l’INSEE, elle l’a mené au PSU (Parti socialiste unifié), sous le pseudonyme de Jacques Boniface, puis au PS dès 1974. Au sein de l’opposition municipale, il s’est imposé comme le connaisseur des arcanes financières de la Ville de Paris. Mais Jacques Bravo, auteur d’une thèse en gestion publique à l'université Paris-Dauphine et fonctionnaire du ministère des Finances de 1970 à 1981, fait passer son “amour du quartier” avant les épais dossiers budgétaires.
“Je suis entièrement favorable à la position de Bertrand Delanoë : pas de cumul ! Si je suis élu maire, je ne serai pas son adjoint aux finances.” Florence Parly, secrétaire d’Etat au budget et en dernière position sur la liste de Jacques Bravo, ne sera pas non plus cet adjoint aux finances. Avec cette concession du spécialiste : “Je sais que Bertrand saura s’appuyer sur les gens de confiance et de compétence au sein de son équipe.”
En cas de victoire de la gauche, les fonctions des uns et des autres attendront les résultats définitifs pour être attribuées. La tête de liste du IXe n’avoue que des ambitions dans le IXe : “Je me bats depuis 20 ans dans ce quartier. Le lendemain de l’élection, quoi qu’il arrive, les habitants continueront de me croiser dans la rue.” Il espère que ce sera dans les habits du maire.

Hugues Honoré