Philippe Douste-”Caliméro”-Blazy
Vendredi 16 mars, 9h45. Aéroport de Toulouse, jeudi après-midi. De loin, on aperçoit un petit attroupement en tête de piste. La caméra s’approche et cadre le premier rang captivé, en témoigne la bouche ouverte d’un gaillard moustachu au regard vide et figé. Devant le grand tableau –encore plus grand vu de près–, Philippe Douste-Blazy, candidat UDF à la mairie de Toulouse, fait son exposé. Bien mis dans son beau costume du dimanche, le brusching impeccable (à mi-chemin entre le casque cycliste et la coquille d’œuf de Caliméro*), le premier communiant parle aujourd’hui du nouvel Airbus qui rapportera plein d’emplois à la ville. La classe est sage. Imprégnée. Hypnotisée même par l’infantile voix de Philippe, dont on sent que le ton suave et doucereux peut tout de même finir par conduire l’auditoire à la crispation, voire à la violence. Calme, mais motivé, Philippe s’adresse maintenant aux caméras des journalistes et réagit aux violentes attaques dont il fut victime la veille lors d’un concert du groupe Zebda. Le groupe porte-parole des Motivé-e-s avait entonné un "Ouste Douste", assez bien rythmé d’ailleurs, pour clore son concert de soutien au candidat socialiste. "Je ne comprends pas, jusqu’ici à Toulouse, on respectait l’adversaire", explique-t-il. Le ton toujours aussi doux et faussement offusqué, tel un petit garçon interloqué d’être moqué par ses camarades, Philippe semble chercher du regard la maîtresse pour se plaindre. Ici, une bonne grosse caméra tient le rôle de la maîtresse. Pauvre Caliméro ! Pourtant, Philippe aime la culture, comme il l’explique à la maîtresse. Il invite même les Zebda a venir jouer sur les pistes du nouvel aéroport qui sera aménagé pour les essais du prochain Airbus. "Ils viendront jouer ici, quand le chantier achevé aura fait baisser le chômage à Toulouse sous la barre des 12%", précise-t-il…Insultants les Zebda ? Démago le Philippe ?

Antonin André
* Calimero: petit poussin noir, héros de dessin animé, qui porte une coquille d’œuf renversée sur la tête et parle d’une voix de fausset.