La sécurité
Police municipale: enjeu des élections à Meaux
Dimanche 11 mars, 11 heures. A Meaux (Seine-et-Marne), la lutte contre la délinquance est le thème qui risque de faire pencher la balance le soir du 18 mars.
Avec 55 000 habitants, Meaux n’a rien d’une cité de banlieue au bord de l'explosion. Il existe des quartiers difficiles où les gens s’entassent depuis des années dans d’énormes tours qui tombent en décrépitude. Mais la délinquance a chuté : durant l’année 2000 la délinquance de voie publique a baissé de 19% par rapport à 1999 et les cambriolages de 46%.
Le maire sortant, Jean-François Copé, " le monsieur sécurité " du RPR, a fait de la lutte contre la délinquance sa première priorité et compte ainsi remporter un deuxième mandat. Durant les six années passées, il a déjà largement augmenté les effectifs de police municipale. Cinquante agents patrouillent la journée sur la voie publique et dix la nuit, un nombre élevé pour une ville moyenne de lointaine banlieue. Et son programme est clair : il faut encore accroître les effectifs ! Avec la création de trois brigades venant renforcer les policiers municipaux : une brigade canine, une brigade de VTT et une brigade équestre. Sans oublier que Jean-François Copé plaide depuis plusieurs années pour l’installation permanente d’une brigade de CRS. Enfin, dernière mesure : la suppression des allocations aux parents délinquants. Face à lui, sa principale adversaire, la député socialiste Nicole Bricq refuse l’omnipotence de la police municipale et s’appuie sur le Contrat Local de Sécurité signé l’an dernier qui prévoit le travail en commun de tous les acteurs qui luttent contre la délinquance.
Une violence entretenue ?
Mais quelques histoires troublent ce climat sécuritaire. En Septembre 1999, un adolescent est interpellé à la suite d’une flambée de violence dans un quartier difficile de la ville. Le jeune homme déclare avoir été payé par des membres de l’office HLM de la ville, donc proche du maire, pour brûler des voitures. Des véhicules en feu, un choc pour les habitants et donc une justification de la politique sécuritaire de Jean-François Copé. Lorsque l’affaire est révélée par la presse en août dernier, le maire accuse la police nationale d’avoir fait pression sur l’adolescent. Puis un article sur cette affaire paru en décembre dans le Figaro soutenant le maire et qualifiant la commissaire de Meaux, de " chaisière " et un de ses adjoints de " cow-boy " est distribué dans les boîtes aux lettres de la ville. Les policiers ont décidé d’attaquer Jean-François Copé pour diffamation en février dernier. Bref, un grand déballage qui fait un peu désordre.
Une nouvelle fissure est apparue dans cette grande politique de lutte contre la délinquance. Une vive altercation a eu lieu en février dernier entre des agents d’ambiance embauché par l’Office HLM de la ville, et donc par le maire, et la police municipale. Ces agents d’ambiance chargés de maintenir la paix sociale dans les cités en ont apparemment assez des interventions des policiers municipaux : " C’est fini de travailler avec les flics. C’est l’émeute et le bordel dans les cités que vous voulez et bien vous allez l’avoir !" a lancé l’un d’entre eux.
La dernière ligne droite avant les municipales s’ouvre donc dans un contexte trouble. Le programme de Jean-François Copé pourrait être approuvé par les habitants de Meaux, à moins que certaines affaires encore non élucidées reviennent sur le devant de la scène et n’inversent la balance au dernier moment.


Sébastien Gilles