Parité
La parité oublie les exécutifs municipaux

Dimanche 11 mars, 11 heures. Une chose est sûre : 200 000 femmes vont entrer dans les conseils municipaux. Mais accéderont-elles aux postes-clés
Stars d'un jour. Jeudi 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale pour le droit des femmes, beaucoup ont pavoisé, tous partis politiques confondus et syndicats en tête. Chacun y est allé de sa petite phrase d'autosatisfaction. La loi sur la parité ? Une "révolution tranquille", une "avancée", "les femmes occuperont leur juste place dans le pouvoir politique local".
Certes le progrès est indéniable. Le nombre de femmes élues dans les conseils municipaux va doubler de 107 979 en 1995 à environ 200 000 au lendemain des scrutins des 11 et 18 mars. Mais la loi du 6 juin 2000 instituant la parité n'est pas exempte de limites. Loin s'en faut. Aux élections municipales, les listes présentées dans les 2 767 villes de plus de 3 500 habitants doivent comporter autant de femmes que d'hommes. Mais seules les listes sont concernées : la loi n'impose pas la parité au sein des exécutifs des conseils municipaux.
"Il faut que les femmes se montrent combatives"
Bref si une femme est élue, elle ne sera pas systématiquement nommée adjointe. "Je crains qu'on n'arrive pas à la parité au niveau des postes de responsabilité", confie Martine Lignières-Cassou, présidente (PS) de la Délégation aux droits des femmes à l'Assemblée nationale. Première adjointe d'André Labarrère à Pau (Pyrénées-Atlantiques) et candidate à ce même poste, elle analyse toutefois : “la plupart des élues le seront pour la première fois. Elles risquent d’être relativement peu expérimentées et vont demander à se rôder avant de prendre des responsabilités”.
“Il faut aussi que les femmes se montrent combattives, c'est à elles de se mettre en avant”, affirme Marie-Jo Zimmermann, secrétaire nationale du RPR à l'action féminine et candidate à la mairie de
Metz (Moselle).
Plus vindicative, Françoise Hostalier, vice-présidente de Démocratie libérale chargée des femmes, dénonce des pratiques qui pourraient barrer la route aux ambitieuses. "Au moment de l'élection dans les conseils municipaux, tout se fait à bulletins secrets", déplore-t-elle. Si les élues risquent d'accéder difficilement aux postes-clés, rares seront les femmes à la tête d'un hôtel de Ville. D'ailleurs, "les femmes têtes de liste ne sont pas encore très nombreuses", remarque Claire Bernard, secrétaire générale de
l'Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes, rattaché à Matignon. Dommage, car selon un sondage CSA/Lunes (1) publié en janvier, deux français sur trois (tous sexes confondus) souhaitent voir une femme arriver à la tête de leur commune.

Olivier Brunet (Avec AFP).
(1) sondage réalisé les 25 et 26 octobre 2000 auprès d'un échantillon de 995 personnes âgées de 18 ans et plus. Lunes est une publication trimestrielle consacrée à l'actualité des femmes.
Liens
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