L’édito de la rédaction
Le bal des faux c...
Lundi 19 mars, 11h - Si l'on a assisté hier à un basculement du paysage électoral, le discours des hommes politiques de tous bords demeure inchangé.
A droite comme à gauche, la mauvaise foi n’a pas étouffé la sphère politique hier. La palme revient à la droite parisienne. Certes, elle est majoritaire en voix sur la capitale, mais elle a oublié un peu trop vite que Paris se jouait en vingt batailles.
Oublié, est-ce le mot ? Avant le premier tour, elle ne cessait de le clamer, arguant que si la dynamique était à gauche dans les sacro-saints sondages, elle pouvait remporter des arrondissements stratégiques et vaincre en sièges. Pour mieux estomper sa défaite, Philippe Séguin s’en prend désormais au mode de scrutin. Il a bon dos le mode de srutin ! En 1983, la loi Paris-Lyon-Marseille était une bonne loi. En 89, lorsque Chirac a réalisé le grand chelem, c’était un "excellent" mode de scrutin. Et même en 95, lorsque six arrondissements sont tombés à gauche, personne à droite n’a proposé de le modifier.
Qu’ont-ils attendu ? En 2001, parce que la gauche remporte la capitale, tout comme Lyon, la loi PLM serait à bannir. Le scrutin n’est bon que s’il arrange le camp auquel on appartient. D’ailleurs, à Marseille, ni Gaudin, ni Muselier n’ont élevé la voix.
La gauche elle aussi n’est pas en reste en matière d’hypocrisie. Le PS veut faire croire qu’il n’a jamais pensé à la vague rose. Qu’il ne l’a jamais espérée. François Hollande sur les plateaux de télévision était triste à voir. “Local, local”. Il n’avait que ce mot à la bouche, reprenant les arguments de l’opposition nationale avant le premier tour. Comme si la vague bleue obtenue en province, bien réelle celle-ci, n’avait pas de conséquences sur la politique nationale. Comme si Jospin ne devait pas tirer toutes les conclusions de cette élection s’il veut vraiment prendre l’Élysée en 2002.
Quant à Vincent Peillon, porte-parole du PS, qui ose dire que la majorité plurielle n’est pas recomposée à l’issue de ce scrutin, de qui se moque-t-il ? Un constat s’impose : les Verts sont la deuxième force de la majorité plurielle et le PC est en déliquescence. Le PC d’ailleurs lui aussi quelque peu malhonnête. Alors qu’il a perdu nombre de ses bastions, il renforce son discours critique, espère un coup de barre à gauche gouvernemental pour reconquérir l’électorat des quartiers populaires. Ose croire à la constitution de son pôle de radicalité, tout en ne reniant rien de la mutation engagée. N’est-il déjà pas trop tard ?
En tous cas, les politiques ne semblent pas avoir entendu le message que les électeurs leur ont envoyé hier soir. Ils continuent à pratiquer la langue de bois et d’adapter leur discours selon les situations. Mais veulent-ils vraiment changer?

Benoît Berthé et Nicolas Jury