Lire
- l'inexorable déclin du PCF
- le PCF flanche, l’extrême-droite s’accroche
- le point sur les villes moyennes
Analyse
Une vague “bleue” en province ?
Mercredi 14 mars, 18h30 - L’arbre parisien ne doit pas cacher la forêt municipale. Le rapport de force tel qu’il est apparu, dimanche soir, est largement favorable à la droite.
A l’issue du premier tour, une carte électorale inédite s’est dessinée. Loin de la “vague rose” annoncée, c’est un rapport de force favorable à la droite qui est apparu. Sur les 410 villes de plus de 20 000 habitants, une cinquantaine sont susceptibles de basculer de gauche à droite. A l’inverse, seule une quinzaine de villes peuvent passer de droite à gauche, exception faite de Paris. Six villes ont déjà changé de camp au soir du premier tour (dont Saumur, Tulle, Le Puy en Velay, Villeneuve-Saint-Georges).
L’élection de référence, 1995, avait été un scutin médiocre pour la gauche en phase de redressement après la débâcle des législatives de 1993. Lionel Jospin avait d’ailleurs mis les siens en garde contre tout triomphalisme, avant l’élection. On mesure aujourd’hui combien il a eu raison de le faire. Dans ce premier bilan en demi-teinte pour le gouvernement, c’est l’effondrement du communisme municipal qui pose le plus grave problème au Premier ministre. Sur les 55 villes de plus de 20 000 habitants que le Parti communiste détenait en 1995, trois ont été perdues au premier tour (Montluçon, Drancy, Sens). Et les élus communistes sont en ballotage défavorable dans 17 autres villes - 14 sont directement menacées par la droite dont Nîmes, la seule ville du PCF de plus de 100 000 habitants, Tarbes, Dieppe, La Seyne, La Ciotat et Evreux. En région parisienne, Colombes, Argenteuil, Goussainville et Pantin et Trappes où le Parti socialiste a devancé le PCF en primaires.

Persistance d’un vote d’extrême-droite
Le PCF qui a pour fonction de fixer l’électorat ouvrier pour le compte de la gauche plurielle ne semble plus remplir cette mission. Son implication au gouvernement l’empêche d’exercer sa fonction tribunicienne. Une situation qui profite à l’extrême-gauche avec des scores proches des 10 % dans le Nord et l’Est. L’équation, établie par Lionel Jospin au congrès socialiste de La Rochelle en septembre 1999 soit l’alliance entre les catégories populaires et les classes moyennes, risque de s’en trouver compromise pour la présidentielle de 2002. Le déclin du vote ouvrier de gauche se poursuit: la gauche ne reconquiert aucune des grandes villes de tradition ouvrière qu’elle avait perdues en 1995 (Arras, Le Havre, Thionville, Saint-Quentin).
La persistance d’un vote d’extrême-droite est le dernier enseignement du premier tour. On a ainsi assisté à un phénomène de vote utile qui voit l’ancien électorat de la droite radicale rejoindre dès le premier tour la droite républicaine. Toulon, Avignon, Le Havre ou Lyon en sont des exemples probants. Le MNR de Bruno Mégret résiste bien à Vitrolles et à Marignane et conserve Orange. Quant au FN de Jean-Marie Le Pen, il est en position de conquête à Bollène et Cluses en Savoie. Enfin, le total des voix du MNR et du FN dépasse le score du seul FN en 1995 à Nîmes, Montpellier, Dunkerque, Beauvais, Dijon et Belfort.

Georges Buisson