Reportage
Balladur, à l’heure du thé

Dimanche 11 mars, 11h. Deux jours avant le premier tour, l'ancien premier Ministre animait un meeting feutré dans un salon du XVe arrondissement.
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Ambiance surréaliste d’un petit appartement bourgeois transformé pour quelques heures en Q.G. politique. Napperons et chaises cannelées, petits fours et jus d’orange, la maîtresse de maison, une blonde quadragénaire, reçoit une trentaine de convaincus. Ancienne adjointe à la culture de Tiberi, Hélène Macé de l’Epiney a rejoint le camp RPR au début de l’année. Monsieur accroche les manteaux dans le couloir, Madame présente l’aimable assistance à Edouard. Il est dix-neuf heures.
Intelligent et cynique
Sur fond de confidence et d’espoir mesuré, l’ancien premier ministre expose son projet. Et taille très vite un costume aux adversaires issus de son propre camp politique, le maire RPR sortant, René Galy-Dejean et la liste séparatiste de Tiberi.
Atmosphère douce-amère dans le salon aux rideaux ternes. Le monologue vire rapidement au constat... d’échec. “Derrière la défaite -possible- du XVe, explique Edouard, se cache celle de Paris, véritable centre du pouvoir et tremplin des présidentielles.” Assis en tailleur sur le tapis rouge, les cinq jeunes de l’assistance, - tous enfants de Madame- s’ennuient ferme.
A la fin de son discours, intelligent et cynique, l’invité répond aux questions. Pas beaucoup, pas longtemps. Très vite, il consulte sa montre et soupire. “Déjà sept heures et demie. Mes chers amis, il faut que je vous quitte. J’ai une autre réunion de ce genre, place du Commerce.” Emballé le Doudou, qui enfile son pardessus avant de filer doux.
Un de ses colistiers reste encore un peu, pour ne vexer personne. A côté, les enfants ont laché le débat pour les restes du buffet. Dans la cuisine, Monsieur a tombé la veste. Il essuie les verres.
Juliette d’Incamps