Coulisses
Marie, ou une journée dans le Ve
Dimanche 18 mars, 18 heures - Les élections ne sont pas que des chiffres et des enjeux de pouvoirs. Ce sont aussi des hommes et des femmes, qui donnent leur journée pour que tout se passe pour le mieux. Tels les agents de bureaux de vote.
Il est 13 heures. Marie pose son livre et soupire : "encore un électeur". Elle tend une enveloppe, vérifie l'identité du "client" et reprend sa lecture. Elle est agent au bureau de vote n°1, à la mairie du Ve arrondissement de Paris.
Petites lunettes carrées, cheveux coupés courts, sourire narquois et bague au pouce, la jeune femme cultive volontiers un look à la Ellen Mac Arthur.
Sous la coupe des professionnels - les assesseurs -, la petite Marie compte les enveloppes. Il faut être très concentrée car une erreur pourrait remettre en cause les résultats de ce bureau très surveillé.
Une manne inespérée
Motivée, Marie ? Elle a une conscience politique "comme tout le monde", confie-t-elle. Mais cette fois elle avait besoin d'argent : 630 francs par jour pour douze heures de travail. Etudiante en langues orientales, cette jeune fille de 21 ans enchaîne les petits boulots pour payer ses études. Originaire de Carcassonne, elle est serveuse à Londres l'été, baby-sitter à Paris l'hiver.
Les élections municipales sont pour elle une manne inespérée. Il y a quinze jours, elle téléphone à toutes les mairies parisiennes. "Avez-vous besoin de quelqu'un ?" Une réponse tombe : le Ve. Elle signe pour deux journées de travail dominical, confinée dans un bureau pendant que d'autres se baladent au Luxembourg, tout proche. "C'est un travail ennuyeux, explique-t-elle, mais les électeurs sont sympas et je vois de beaux garçons déposer leurs bulletins".
Ce soir, quels que soient les résultats, Marie aura gagné son dimanche.

Juliette d'Incamps