Reportage/Meeting
Quand la droite ne croit pas en sa victoire

Dimanche 11 mars, 11h. Mardi 6 mars, cinq jours avant le premier tour, la liste d’union de la droite semblait résignée quant à la “reconquête” de la capitale.
(AFP)
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- Philippe Séguin
- Edouard Balladur

Certains meetings de fin de campagne exhalent un parfum de défaite. Dans un Palais des sports pas totalement plein - à peine 2 000 personnes -, Philippe Séguin a vainement tenté de rameuter ses troupes à quatre jours du premier tour d’une élection qu’il aimerait encore imaginer indécise. Mais les cornes de brumes et les standing ovations en boucle n’ont pas réussi à dissiper la morosité ambiante.
Depuis le début de la campagne, la liste n’a jamais été donnée gagnante dans les sondages. L’ancien président du RPR a beau s’accrocher à l’idée du “miracle” de la conquête de Paris, on sent bien que le cœur n’y est plus vraiment. “C’est un meeting de résistant”, lance en préambule Henri Guaino, chef de file dans le Ve arrondissement. Ondoyant entre résignation et combativité, la tête de liste “de la droite et du centre” s’en prend violemment aux médias et à la gauche, prisonniers, à ses yeux, d’une “pensée unique qui écrase tout, qui aplatit tout”. Visiblement, son débat avec Bertrand Delanoë sur
Canal + ne l’a pas comblé puisqu’il ne goûte pas les humoristes de la chaîne cryptée, Karl Zéro et les Guignols en tête.
Retour aux sources du gaullisme social
La gauche, voilà l’ennemi. Même si le RPR détient les clés de l’Hôtel de Ville depuis la création de la fonction de maire de Paris en 1977. Ses desseins pour la capitale passent au second plan au profit de l’idéologie. Les militants apprécient, surtout lorsque Philippe Séguin invoque les fantômes d’un gaullisme social un brin populiste. Cela ressemble à un retour aux sources dans une salle qui résonne encore des intonations d’André Malraux. “Jadis la gauche butait sur le mur de l’argent, maintenant c’est elle qui le construit”, a-t-il martelé devant un auditoire conquis. Auditoire nostalgique d’un temps où la capitale reconduisait naturellement ses troupes.
Olivier Feyt et Emmanuel Ginisty