Lire

- Les cinq dernières secondes de Jacques Bravo
- Lellouche, outsider superstar

Lien

- Le site internet de France 3

Débat
“Après cela il faudra que je prenne des vacances”
Jeudi 15 mars, 12h30 - Rude journée pour Pierre Lellouche. Le candidat “fusionniste” du IXe arrondissement affrontait hier son adversaire de gauche sur le plateau de France 3 Ile-de-France.
14h30.
Le rendez-vous est fixé devant une pizzeria de la rue Saint-Lazare. Pierre Lellouche en sort, un grand sourire aux lèvres. C’est Patrick, son beau-frère, qui prend le volant de la voiture pour aller à Vanves, le siège de France 3-Ile-de-France. Dans le trafic, le candidat de la droite du IXe consulte ses dossiers. Il allume cigarette sur cigarette. “Bon, il faut que je dorme un peu. Je suis crevé.” Il ferme les yeux trente secondes puis prend son téléphone portable qu’il ne lâchera quasiment plus jusqu’à l’arrivée. A un ami, il confie que la campagne est “très, très dure”. Entre deux appels, il explique qu’il "faudra qu’(il) prenne des vacances après ça".
15h30. Arrivée à France 3. Jacques Bravo est déjà là. Les deux hommes ne se croiseront que sur le plateau. Lellouche passe au maquillage. Encore une demi-heure à tuer le temps. Le directeur de France 3 Ile-de-France vient lui rendre l’attente moins longue. On discute de Lyon mais aussi de Paris. Le patron de télé lui parle des trois listes tiberistes qui se sont retirées. Lellouche ne bronche pas. Puis lâche: “de toute façon, c’est simple : ils ont besoin de trois sièges pour avoir la Mairie. Moi, je sais où ils sont les trois sièges.
16h. Lellouche s’installe sur le plateau avec le journaliste de France 3, Jean-Jacques Cros. Bravo les rejoint quelques minutes plus tard. Pas un mot échangé. Les deux hommes se jettent des regards pas très tendres.
16h10. Début des débats et premier crochet de Bravo. “La droite n’est pas unie dans le IXe. Les deux candidats se sont déchirés pendant toute la campagne. La liste unique est celle d’un RPR et d’un RPR bis.” Il en rajoute : “Moi, j’attache de l’importance à la fidélité. Vous, vous êtes passé par Sarcelles, par Cannes, vous attachez de l’importance à votre carrière.” Lellouche réplique : “Faire des attaques personnelles et organiser des visites aux Folies Bergères (avant le premier tour, Jacques Bravo proposait des visites commentées de quartier notamment celui des Folies Bergères, ndlr), c’est ça le niveau de votre campagne. Moi aussi je peux vous parler du parcours de Delanoé qui est parti 5 ans dans le Tarn.” Bravo enfonce le clou et ose une question : “Etes-vous proche de Philippe Séguin ?” “Moi , je suis moi, je suis Pierre Lellouche, homme de droite. Et mon seul but est de gagner à Paris. C’est pour cela que j’ai fait l’union. Et je vous interdit de mettre en doute mon honnêteté intellectuelle.
16h20. Le débat se resserre autour des problèmes du IXe. Points abordés : l’enfance et la sécurité. Un thème sur lequel insiste Pierre lellouche et que Jacques Bravo a du mal à développer.
16h30. Les deux candidats répondent chacun à une question de Dominique de Montvallon, chef politique au Parisien. Lellouche est interrogé sur son alliance avec Reina. Et répond par un définitif : “Je serai le maire, le patron, et je tiendrai mon arrondissement.
16h33. Les deux hommes ont une minute pour parler de leur projet. Bravo finit par une attaque : il veut en finir avec le système précédent. “Rétablir la transparence dans l’attribution des marchés publics”, en finir “avec le clientélisme” et surtout avec les emplois fictifs. “Mais ce n’est pas à vous que je vais parler d’emplois fictifs, Monsieur Lellouche...” Pierre Lellouche a “dépensé” son temps de parole et ne peut répondre.
16h35. Fin du débat. Lellouche est le premier à sortir du studio, cigarette à la main. Il se dirige vers la salle de maquillage pour “se dépeinturlurer”. Bravo sort une minute plus tard, entourés de ses attachés de presse. “Je l’ai senti nerveux. Vous savez, lorsque je travaillais au Ministère de la recherche, lui était à l’IFRI et je le côtoyais. Je connais ses incartades et ses emportements.
16h40. Lellouche remonte dans sa voiture. Il sait que la dernière phrase de Bravo l’a atteint. “Pas très élégant le Monsieur. On dit qu’il est gentil mais ce n’est pas un gentil.” Il poursuit : “de toute façon, je lui ai dit en sortant "si c’est comme ça que tu veux finir les 3 jours de campagne, tu vas me trouver." ” Il se réjouit d’avoir enfin “une vraie bataille droite/gauche”. Les coups de téléphone pleuvent. “Je m’en suis assez bien tiré”, se félicite-t-il. “Je l’ai explosé sur l’école et la sécurité.” Puis de s’exprimer dans un anglais parfait : “If he wants to be nasty, we are going to be nasty” (“S’il veut jouer au méchant, on va être méchant”, ndlr). Le IXe est tout proche. Il chantonne. La voiture se gare près de la permanence. Pierre Lellouche repart au combat.
Antoine Malo