Lire

Interview: "Si Vincent Reina est devant, je me retire."

Programme

Portrait
Lellouche, outsider superstar
Dimanche 11 mars, 12 h 30 . Pierre Lellouche joue gros. S'il perd le IXè, c'est toute la droite parisienne qui vacille. Aux sondages qui le donnent perdant, cet enfant du quartier oppose sa prestance et son bagou.
Il a choisi de finir sa campagne là où il a grandi, rue des Martyrs. A 24 heures du premier tour, Pierre Lellouche vient une dernière fois tutoyer les commerçants, procéder aux ultimes serrages de main. Enveloppé dans son éterneI manteau gris, il fait une nouvelle fois la démonstration de son style. Celui d’un homme politique qui, à 50 ans, s’impose et en impose. Ce samedi 10 mars, le candidat de l’Union de la droite affiche un sourire peu commun qui éclaire son visage poupin et étonne jusqu’à ses collaborateurs. “Il a été d’une humeur de bouledogue toute la semaine” confie Delphine, son assistante. Il est vrai que Pierre Lellouche a des raisons de s’angoisser. Tous les sondages donnent un large avantage à son adversaire socialiste, Jacques Bravo.
Et puis, sans doute, ce spécialiste de géostratégie joue-t-il un peu plus gros que les autres sur cette élection. Il est le député de la IVe circonscription de Paris et un échec serait pour lui synonyme de désaveu. Ce chiraquien convaincu doit aussi assumer les 40 ans de règne de Gabriel Kaspereit, l’actuel maire, qui l’a intrônisé comme son dauphin. Enfin, il sait le résultat dans son IXe arrondissement crucial : s’il le perd, c’est toute la droite parisienne qui vacille.
Alors, pour conjurer le mauvais sort, Pierre Lellouche “a fait depuis le mois d’août tout ce qu’il était humainement possible de faire”. Il a passé des matinées entières à distribuer des tracts devant les bouches de métro, à persuader, avec un bagou incroyable, les électeurs de pencher à droite. Une campagne de proximité dont il est fier. Mais qui ne convainc pas ses adversaires. “Il se sert du IXème arrondissement comme d’un tremplin” affirme Jacques Bravo, son adversaire socialiste. “C’est un politicard” renchérit Nicole Azzaro, la candidate verte.
Cette image de politicien rôdé, omniprésent sur la scène médiatique, lui colle à la peau. Depuis sa victoire sur Dominique Strauss-Kahn aux élections législatives de 1993, il est l’enfant chéri des caméras de télévision. Pacs, Kosovo, Corse, sur tous les sujets, il intervient. Au point d’”exaspérer” Jean-Louis Debré, le chef de file du RPR à l’Assemblée nationale, qui, en octobre dernier s’arrange pour l’évincer du comité politique du parti gaulliste.
Pierre Lellouche réfute toutes ces accusations. Pour l’heure, il joue les outsiders et espère simplement “être au deuxième tour”. Il affirme aussi que devenir maire du IXème serait pour lui “un retour aux sources”. “J’ai habité une grande partie de mon enfance avec ma mère au sous-sol d’un immeuble de la rue des Martyrs. Je suis allé au lycée Condorcet, j’ai toute ma famille ici.” Et si les riverains du IXème arrondissement empêchent l’enfant prodigue de revenir sur ses terres, il affirme qu’il fera autre chose. “Je ne tient pas à m’accrocher absolument à une fonction. J’ai commencé la politique à 38 ans et je ne compte pas en faire jusqu’à 80 ans.”

Antoine Malo