Interview
Lellouche : “Si Vincent Reina est devant, je me retire”
Dimanche 11 mars, 11 heures. Dernière ligne droite pour Pierre Lellouche, le candidat RPR-UDF-DL. Il revient sur une campagne électorale mouvementée et prône le désistement de la liste de droite la moins bien placée.
Lire

Portrait: Outsider superstar

Programme

Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques heures des résultats du premier tour ?
D’une grande sérénité. Nous avons fait énormément de travail. Humainement il était difficile de faire plus. Nous avons fait le maximum dans un climat qui n’est pourtant pas favorable à nos couleurs. J’espère que ce travail paiera.
Comment qualifieriez-vous votre campagne ?
Cela a été avant tout une campagne de proximité. Tous les jours, nous sommes allés sur le terrain, à la sortie des métros, dans les cages d’escalier. Tous les soirs, nous avons organisé des réunions d’appartement. Mais nous avons aussi essayé de sensibiliser les électeurs sur les problèmes généraux de la ville de Paris. Il faut décentraliser Paris. Il faut un vrai gouvernement municipal de Paris et redonner du pouvoir à tous les maires d’arrondissement. Pour l’heure, nous n’avons aucun pouvoir. S’il n’y avait pas eu de campagne au ras du caniveau, ses sujets auraient pû être développés.
Vincent Reina affirme que vous avez mené une “campagne d’extermination”. Que lui répondez-vous ?
Je ne veux pas rentrer dans ce jeu de la surenchère diffamatoire. A aucun moment, dans aucun document de campagne, je n’ai mentionné le nom de Monsieur Reina ou celui de Monsieur Tibéri. Je n’ai que faire des listes dissidentes dont le seul but est de me faire perdre. Mais Vincent Reina et ses partisans se sont livrés à un affichage sauvage, illégal et diffamatoire. Alors la campagne d’extermination, comme il dit, elle est signée. Moi, je n’ai pas répondu, ce n’est pas mon rôle. Mon seul but c’est de battre la gauche.
Aux élections législatives de 1997, vous vous présentiez contre l’actuel maire, Monsieur Kaspereit, et votre suppléant s’appelait Vincent Reina. Pensez-vous que les électeurs de droite s’y retrouvent ?
Beaucoup ont oublié, d’autant plus que mon différend avec Gabriel Kaspereit s’est réglé dès le lendemain du premier tour des législatives. Depuis quatre ans nous avons travaillé main dans la main, moi en tant que député, lui en tant que maire du IXe arrondissement. Les électeurs savent que Kaspereit est avec moi. Il s’y est engagé publiquement. Quant à Monsieur Reina, le fait qu’il ait changé de camp s’explique par des raisons humaines. Pendant très longtemps, il a été le porte-serviette de Kaspereit, sans doute écrasé par une personnalité forte. Il ne voulait plus subir cela.
Mais vous lui aviez promis la Mairie?
Oui, à condition qu’il soit fidèle aux orientations politiques que je prônais pour la circonscription. Or, il a soutenu Jean Tiberi. Il a été aspiré par le haut vers d’éminentes fonctions à la Mairie de Paris. Il a eu des belles Safrane, des collaborateurs et de beaux bureaux. C’est cela qu’il l’a amené à rester dans cette ligne-là, qui est sans doute un peu suicidaire.
Pour le deuxième tour, Michèle Alliot-Marie, la présidente du RPR, appelle au rassemblement. Jean Tibéri prône la fusion. Quelle est votre position?
Si Vincent Reina est devant nous, nous nous retirerons. Sa liste sera alors la mieux placée pour battre la gauche. Et j’appelerais à voter pour elle. J’attends que Monsieur Reina fasse de même s’il est au-dessus de 10 %.
S’il se retire, ce sera la fusion entre vos deux listes?
S’il ne se maintient pas, j’irai seul au combat et je battrai la gauche.
Propos recueillis par Antoine Malo