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- Des maires déjà élus

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- "Ça va être encore plus dur dans les années à venir"
- "C’est un constat d’échec pour le camp démocratique"
- "Il n’y a plus personne sur le terrain"

Orange
Bompard sans opposition
Samedi 17 mars, 15h45 - Réélu dès le premier tour avec près de 60% des voix, Jacques Bompard a réussi son enracinement à Orange. Le maire sortant FN a une nouvelle fois profité des divisions de l’opposition municipale.
Claude Béroud (PS), siège au conseil municipal d'Orange . (AFP)
Au téléphone, Claude Béroud a la voix des mauvais jours. La tête de liste du PS à Orange vient d’assister vendredi matin à l’investiture du maire, le sortant Jacques Bompard, réélu dans un fauteuil dimanche dernier, avec près de 60% des voix. “Je savais que ce serait difficile de le battre. Mais je pensais quand même qu’il y aurait un second tour”, constate le leader socialiste avec amertume.
Résultat : avec 29 sièges pour le FN au conseil municipal, Bompard dispose désormais d’une majorité encore plus écrasante que lors de sa première élection en 1995. Pour les six élus d’opposition -trois RPR, deux PS et un sans étiquette-, les temps s’annoncent difficiles. “Ça a été un calvaire pendant six ans”, témoigne Claude Béroud qui a conservé sa place de conseiller municipal. “Et ça va être encore plus dur dans les années à venir”.
Champ de ruines
A gauche comme à droite, on était pourtant prévenu. En 1995, Bompard avait créé la surprise en profitant des divisions dans les deux camps pour s’imposer. Au terme d’une triangulaire mal maîtrisée par les formations républicaines. Six ans plus tard, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Une primaire mal gérée au sein du PS, les Verts qui font bande à part après avoir réclamé en vain la tête de liste, l’apparition d’une liste “citoyenne” au positionnement ambigu, la droite classique qui ne parvient pas à enrayer son déclin. Un boulevard s’est ouvert devant Jacques Bompard. Pour battre le maire FN, le PS et le RPR avaient bien envisagé de fusionner leurs listes entre les deux tours. Mais voilà, il n’y aura pas de second tour. “C’est un constat d’échec pour le camp démocratique”, reconnaît Claude Béroud.
Morcelée, abattue, l’opposition municipale n’est plus qu’un champ de ruines. Et elle aura du mal à trouver son salut du côté des associations dont la politique de vigilance a marqué le pas ces dernières années. “Il n'y a plus personne sur le terrain”, constate Claude Béroud qui n’entrevoit aucune solution. Dénoncer plus vivement les idées extrémistes de Bompard ? Le maire sortant a eu l’habileté de reléguer son étiquette FN au second plan pour mieux s’appuyer sur son bilan. Une politique pragmatique qui est pour beaucoup dans sa réélection.
Plebiscité, Jacques Bompard a donc réussi son pari : s’enraciner durablement à Orange. Un comble dans une ville qui avait l’habitude de changer de maire à chaque élection.
Vincent Chansel